François Dupuy, sociologue des organisations, livre sur le site des Echos un point de vue intéressant sur la gestion des talents par les grandes entreprises. Selon lui, les jeunes talents sont de plus en plus enclins à quitter les grandes structures pour rejoindre de plus petites, ou retrouver une plus grande liberté d'innovation et d'expression dans leur propre startup.
Les grandes entreprises sont-elles devenues les dignes descendantes de l'administration d'antan (ou même d'aujourd'hui), avec une hypertrophie bureaucratique digne de Courteline ? Extraits :
[...] si l'on écoute ces jeunes des deux côtés de l'Atlantique, on perçoit
sans peine ce qui les rebute, bien au-delà des conditions matérielles le
plus souvent très généreuses qu'on leur propose. Ce qui provoque leur
répulsion et leur envie d'aller voir ailleurs, ce sont les univers
bureaucratiques dans lesquels on leur demande de travailler.
Ces
bureaucraties, faites de multiples process stérilisants, d'indicateurs
inutiles et contradictoires, et autres procédures qu'il faut en
permanence contourner pour pouvoir travailler, ce sont les entreprises
elles-mêmes qui les fabriquent jour après jour, quels que soient par
ailleurs les avertissements qu'elles reçoivent, dont le départ de ces
jeunes « hauts potentiels » n'est pas le moindre. Elles y mettent un
acharnement et une constance qui n'ont rien à envier à ceux que l'Etat
déploie pour réglementer de façon toujours plus serrée toutes les
activités humaines alors même que les aspirations à la liberté se font
de plus en plus pressantes. De ce point de vue, comme de bien d'autres,
entreprises et Etat, même combat
[...]
Car ces bureaucraties, qu'elles soient publiques ou privées,
ont une telle capacité à tester, avaler et digérer toutes les
innovations managériales qu'elles vivent bien plus dans un rituel
convenu et protecteur que dans la mise en oeuvre d'actions susceptibles
de bousculer les équilibres internes. Ce que les dirigeants ne peuvent
ou ne veulent pas faire, ce que les bureaucraties s'efforcent de
conserver va accélérer la tentation des jeunes à aller voir ailleurs, là
où la bureaucratie déprimante n'est pas.
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